L’association des parties prenantes à l’élaboration de la déclaration de performances extra-financière
Une des manière pour l’entreprise de rendre efficacement compte de son engagement sociétal est d’associer à sa démarche de reporting ses parties prenantes. En effet, qui de mieux que les parties prenantes pour rendre compte aux dirigeants des défis sociétaux sur lesquels elle est le plus observée, attendue ? A ce titre, ce dialogue avec les parties prenantes, lors de l’élaboration de la déclaration de performance extra-financière, est encouragée par la Commission Européenne qui suggère de »prendre en compte les intérêts et attentes des parties prenantes concernées lors de l’évaluation du caractère significatif d’un risque ou d’une information ».
En effet, les engagements de la société doivent répondre aux besoins et attentes des différents acteurs du secteur. Cette démarche collaborative permet donc à la société d’atteindre cet objectif en identifiant, grâce au dialogue, les besoins et attentes à son égard, et enfin, d’y répondre avec des mesures adaptées. Afin de procéder à une association efficace des parties prenantes il est nécessaire d’effectuer une cartographie de ces dernières puis de les hiérarchiser.
Une fois les parties prenantes cartographiées et hiérarchisées, il sera possible pour la société d’échanger avec ces dernières. Ces échanges doivent permettre à chacune d’elles d’exprimer les problématiques et les enjeux propres à son secteur (fournisseur, association de consommateurs, etc.). Il est possible, qu’au cours de ces échanges, apparaisse des intérêts divergeants. Néanmoins, il est primordial, au cours de cette démarche, de garder en tête que l’objectif principal doit être de travailler ensemble à l’amélioration des actions de la société, avec, toujours, la volonté de réussir à concilier les divergences d’opinions et de priorités qui peuvent transparaitre.
Ce dialogue peut par ailleurs prendre plusieurs directions. La société pourra, par exemple, choisir de créer un véritable partenariat avec certaines des parties prenantes ce qui pourra, éventuellement, s’illustrer au travers d’engagements contractuels lorsque l’engagement de la société dans sa démarche sera particulièrement poussée.
Au delà d’un dialogue, les parties prenantes sont en capacité d’apporter une réelle expertise du terrain aux dirigeants, et ce, dans de très nombreux secteurs, leur permettant ainsi de prendre en considération des données qui, jusqu’ici, ne remontaient pas nécessairement jusqu’à eux.
Quelles sont les sanctions encourues en cas de non publication de la déclaration ?
Aucune sanction n’est spécifiquement prévue en cas de non publication de la DPEF. Néanmoins, étant donné que celle-ci doit obligatoirement figurer au sein du rapport de gestion de la société, les sanctions applicables seront celles encourues en cas de manquement au rapport de gestion.
A ce titre, les responsabilités civiles et pénale de la société pourront être engagées.
Du point de vue pénal, les sociétés sont soumises à une obligation de publication de leurs comptes qui doivent être accompagnés de plusieurs documents annexes parmi lesquels figure la DPEF. Le manquement à cette obligation est sanctionné pénalement et constitue une contravention de 5e classe (articles L. 231-21 à L. 232-23 du Code de commerce) punissable d’une peine d’amende de 1 500 euros à 3 000 euros en cas de récidive (article R. 247-3 du Code de commerce).
Du point de vue civile, lorsque les comptes annuels ne sont pas déposés dans le délai imparti aux greffes, le président du tribunal de commerce peut, de sa propre initiative, lui enjoindre de la faire sous un mois, sous astreinte.
Ce même principe est repris par l’article L. 225-102-1 du Code de commerce pour tous les rapports afférents aux exercices ouverts à compter du 1er août 2017 devant contenir une déclaration de performance extra-financière.
Etat des lieux
En novembre 2020, l’entreprise Ekodev a publié un état des lieux des pratiques et tendances en matière de reporting extra-financier concernant une trentaine d’entreprises non cotées, de tous secteurs d’activités, ayant un chiffre d’affaires entre 100 millions et 50 milliards d’euros. Parmi les Sociétés observées on retrouve, entre autres, Mediametrie, Naval Group, Maaf ou encore Keolis Rennes et Transdev.
Plusieurs données ressortent de ce rapport. Ainsi, concernant la publication en elle-même de la DPEF :
- 100% des entreprises ont fait le choix de les publier sur leur site internet ;
- Parmi celles-ci, 77% sont ‘’faciles’’ à trouver ;
- Les DPEF font en moyenne 47 pages, ce qui est une tendance en hausse comparé à 2018.
Sur l’ensemble des entreprises observée, 59% déclarent posséder une image nette du futur et posséder une mission, une vision, une ambition ou une vocation. Une seule d’entre-elles affirme posséder une raison d’être, il s’agit de Transdev.
Du point de vue de la RSE, 66% des entreprises du panel présentent leurs engagements RSE au sein de leur déclaration. 47% d’entre-elles précisent que ces engagements sont directement portés par une Direction RSE / Développement durable ou une personne dédiée à la RSE.
Concernant l’association des parties prenantes à l’élaboration de la DPEF, seules 17% des entreprises interrogées les ont impliqués à la démarche.