9 avril 2021

Avis de l’ADEME sur la neutralité carbone : « faire le tri entre effets d’annonce et ambitions réelles »

Par un avis mis en ligne début avril, l’ADEME revient sur le concept de neutralité carbone, lequel constitue le principal objectif fixé par l’Accord de Paris. En effet, pour limiter le réchauffement climatique en deçà des 2°C, et ainsi déjouer tous les scénarios catastrophes, il convient d’accroître la capacité des pays à rendre les flux financiers compatibles avec un faible niveau d’émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). Parvenir à une neutralité carbone en 2050, constitue notre principale réponse à la menace du changement climatique.

Il est donc primordial d’intégrer cet objectif dans nos stratégies et projets, car il en va de notre avenir à tous. En réponse à l’intérêt grandissant porté par tous, à l’environnement, cette notion de « neutralité carbone » a été largement reprise par les entreprises, dans leur communication, pour signifier leur engagement face à l’urgence climatique. Hélas, on observe que la réalité ne reflète pas cet enthousiasme. L’ADEME propose donc de donner des clefs de lecture pour comprendre ce que revêt cette neutralité carbone, et être en mesure de « décrypter la contribution des acteurs à cet objectif ».

Pour rappel, l’Agence de la transition écologique, ou Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), est un établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Elle veille à accompagner l’État pour un développement plus sobre en énergie et en ressources, en limitant les émissions de gaz à effet de serre et de polluants. Elle met à disposition des politiques publiques, ses capacités d’expertise et de prospection (partage de solutions, financements de projets, et recherche) dans de vastes domaines : l’énergie, l’économie circulaire, l’alimentation, la mobilité, la qualité de l’air, l’adaptation au changement climatique, les sols, etc.

Qu’est-ce que la neutralité carbone ?

La neutralité carbone se définit par « le fait de séquestrer autant de carbone que nous en émettons, de manière à stabiliser son niveau de concentration dans l’atmosphère et ainsi limiter l’augmentation de la température globale de la planète ». La « neutralité carbone » fait référence au CO2 équivalent, c’est-à-dire qu’est pris en compte l’ensemble des gaz à effet de serre responsables du changement climatique. Il y a deux manières de parvenir à la neutralité carbone :

  • D’une part, réduire drastiquement les émissions ;
  • Et d’autre part, augmenter les puits (forêts, sols…) permettant la séquestration du carbone. Un puits étant défini comme « tout système qui absorbe plus de carbone qu’il n’en émet ».

Par ailleurs, l’objectif étant de limiter l’augmentation de la température globale de la planète, c’est un objectif qui doit être commun et il n’a de sens qu’à l’échelle de la planète. Chaque État, signataire de l’Accord de Paris, prend donc des mesures dans le cadre d’une stratégie nationale préalablement établie. En France, il s’agit de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (« SNBC »). Celle-ci définit une trajectoire de réduction des émissions de GES jusqu’à 2050 et fixe des objectifs à court et moyen terme. Elle a pour ambition d’atteindre la neutralité carbone en cohérence avec l’Accord de Paris, et implique une réduction nécessaire de l’empreinte carbone de la consommation des Français.

Organisation, territoire et citoyen : s’engager pour la neutralité carbone

La neutralité carbone est un objectif. Toutefois, il « n’est pas directement transposable à un territoire infrarégional, une entreprise ou un citoyen », en raison du fait qu’on ne peut y parvenir seul. En revanche, il est possible de mettre en place des stratégies ambitieuses et contribuer à l’atteinte de cet objectif à sa propre échelle, en accord avec la stratégie nationale. Chaque secteur d’activité est ainsi soumis, dans le cadre de la SNBC, à des objectifs cibles. S’y référer permet d’en déduire l’effort général attendu, et possiblement d’aller encore plus loin.

À titre d’exemple, une entreprise qui souhaite contribuer à la neutralité carbone va tout d’abord chercher à déterminer ses émissions, puis les réduire, et enfin, en dernier recours, chercher à les compenser. Cependant, la problématique induite par bon nombre d’entreprises qui se targuent d’être « neutre en carbone » réside dans le fait que la compensation de leurs émissions résiduelles ne se fait pas toujours de manière pertinente. En effet, pour s’assurer que cette compensation carbone soit véritablement efficace et utile, il est nécessaire que les émissions compensées soient bel et bien incompressibles, que le résultat de cette compensation intervienne dans un périmètre pertinent et s’assurer que ladite compensation soit effectivement propice à compenser la pollution originelle. Or, en pratique, ce n’est pas toujours le cas.

S’engager pour la neutralité carbone, sous-tend de s’inscrire dans « une réelle démarche de progrès continue ». L’ADEME met l’accent sur une priorité, celle de réduire les émissions de GES (fossiles ou issues de matière vivante), mais également de protéger les stocks existants dans les forêts et les sols.

Pour y parvenir, l’Agence de la transition écologique identifie plusieurs leviers à destination des organisations, des territoires ou des citoyens.

  • Pour une organisation, il s’agit de mettre en place une stratégie climat compatible avec l’Accord de Paris ainsi que de participer à la décarbonation de notre société en proposant des produits et services bas-carbone (pour réduire les émissions des salariés, clients, sous-traitants, etc.).
  • Pour un territoire, il s’agit de réduire drastiquement ses émissions GES, directes et indirectes, et se traduit par la mise en place d’actions sur son propre patrimoine et ses compétences (instaurer une dynamique territoriale de réduction, apporter aux citoyens des solutions pour réduire leurs modes de consommation…). Il s’agit également de définir une stratégie d’augmentation des stocks et puits carbone en tenant compte des différents usages de la biomasse, ou en minimisant les impacts négatifs des activités actuelles et à venir sur ces puits.
  • Pour un citoyen, il s’agit de réduire au maximum ses émissions, en revoyant son mode de consommation et de vie. Une consommation responsable et le fait de privilégier des modes de transport moins polluant constituent des solutions pertinentes à son échelle.
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L’ADEME insiste sur le fait que les acteurs doivent mobiliser tous ces leviers en n’omettant pas les actions possibles dans leur plus proche périmètre. Elle rappelle qu’il s’agit pour tous « de s’insérer dans une dynamique mondiale de transition, en ajustant ses efforts au regard de leur potentiel d’action et de l’ambition de l’Accord de Paris », et non de « tordre le concept de neutralité carbone » en l’appliquant à son échelle seulement, dans l’unique but de s’afficher « neutre en carbone ».

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